Un magnifique étang, des petites rues fleuries et étroites au dénivelé surprenant, des marcheurs suréquipés qui semblent prêts à gravir l’Everest… Même si le doute s’installe, un arrêt de bus de la Stib nous certifie que nous sommes bel et bien à Bruxelles, lorsque nous arrivons au Relais du Triporteur! L’épicerie de vente en vrac et le restaurant ont déjà été adoptés par tout le « village », mais le lieu reste trop peu connu des Bruxello-bruxellois. Pour en profiter, il faut se rendre jusqu’en lisière de forêt de Soignes, dans cette contrée nommée Watermael-Boitsfort.
Si le « Relais du Triporteur » comporte un brin trop « R » pour certains et a tendance à virer en « Relais du Tripoteur » chez d’autres, Alice, qui nous reçoit, nous assure qu’elle n’y est pour rien. « Aujourd’hui, je me dis ‘ah, si j’avais pu donner mon avis sur ce nom!' », nous confie-t-elle en souriant, les yeux rivés sur l’enseigne du restaurant.
Pour sa maman Dominique, tant pis. Ses envies étaient plus éducatives que commerciales lorsqu’elle a lancé l’Asbl il y a 5 ans.
« L’idée était de livrer les plats dans le quartier grâce à un vélo à trois roues«
« A l’origine, Le Relais du Triporteur a été créé par ma maman dans le but de sensibiliser le tout public à l’alimentation saine. L’idée était aussi de livrer les plats dans le quartier grâce à un vélo électrique et frigorifique à trois roues », explique Alice en buvant un jus de grenade sur la terrasse, où le magnifique triporteur, bien accueilli par la végétation, a trouvé une place de choix. « Finalement au gré des rencontres, le projet s’est développé autrement ». Le nom est resté et qui sait, le vélo reprendra peut-être la route un jour.
Une cuisine partagée entre plusieurs sensibilités
Dominique n’est plus seule derrière les fourneaux, plusieurs chefs sont venus mettre leur nez dans ses casseroles. « Aujourd’hui, la cuisine est partagée entre 5 chefs. Certains sont nutritionnistes ou diététiciens. « C’est ça qui est chouette ici, il y a vraiment plein de sensibilités différentes », se réjouit Alice, qui est commis de cuisine, quand elle ne chipote pas au site web du Relais. « Pour moi, c’est super agréable. Chaque jour, je touche à tout et j’apprends plusieurs techniques avec des chefs différents ».
Équilibre, authenticité des goûts, originalité, saisonnalité des produits
« On a quand même établi certaines règles! », reprend la maman, garante de la ligne directrice du restaurant. Équilibre, fraîcheur, authenticité des goûts, originalité, saisonnalité des produits… Les cuisiniers sont indépendants et ont d’autres projets en parallèle, mais ils suivent les valeurs bien nobles du Relais du Triporteur avec plaisir!
En 2015, à force d’entendre les clients du restaurant demander d’où venaient les magnifiques produits qui se trouvaient dans leur assiette, l’idée d’une épicerie a germé. L’ancienne librairie attenante au restaurant a mis la clé sous le paillasson et depuis, le seul papier qui passe la porte sert à accueillir un nombre incalculable de produits en vrac présents dans l’épicerie.
« A l’ouverture il y a deux ans, peu de clients venaient avec des sacs réutilisables ou des contenants. Aujourd’hui, beaucoup s’adaptent et certains arrivent même à l’épicerie avec tous leurs bocaux en verre! », s’amuse Alice.
Les épiceries de vente en vrac commencent à être nombreuses à Bruxelles, mais pour Alice, le Relais du Triporteur va un cran plus loin. « Notre choix est énorme, on a du yaourt, du ketchup, du chocolat, un tas d’épices, du miel, des produits d’entretien en vrac ».
La classe ultime, certaines stars du zéro déchet à Bruxelles ont adopté le Relais du Triporteur pour faire leurs achats. « Zéro carabistouille nous a confié qu’elle fait la route depuis Etterbeek », souligne Alice avec fierté. « Elle sait que chez nous, elle va tout trouver en vrac! »
L’espace est plutôt réduit mais contient un nombre impressionnant de produits. Ici aussi, pas de gâchis! Chaque mètre carré est judicieusement mis à profit. Le joli décor a été pensé avec goût par Dominique. L’ancienne scénographe a joué son rôle pour donner une place de choix à chaque produit.
Aujourd’hui l’épicerie a pris beaucoup d’importance, à tel point que depuis que le mur qui la séparait du restaurant a été abattu, on entend les clients de l’épicerie s’étonner de la présence d’un espace où manger au fond de leur magasin! Du côté des cuisiniers, un magnifique terrain de jeu s’est ouvert.
Challenge 1: n’utiliser que les produits de l’épicerie
Aujourd’hui, c’est Pierre, seul homme de l’équipe, qui prépare le menu. Le challenge: préparer ses assiettes uniquement avec les produits de l’épicerie. « Le matin, les chefs arrivent et regardent quels sont les légumes, les fruits qu’ils pourront cuisiner », explique Alice. « Ils font avec ce qui est à leur disposition. Moi je prends ce qui est de saison », ajoute Dominique, qui s’occupe de commander les produits et sélectionner les producteurs locaux.
Challenge 2: laisser un frigo vide
Deuxième challenge pour les chefs: ne prendre que les quantités dont ils ont besoin, en gardant pour objectif le « zéro déchet ».
« C’est tout un circuit. S’ils cuisinent trop, les restes partent en plats à emporter à l’épicerie », souligne Dominique. « On cuisine quasiment à la minute, jour après jour. Ici, nous n’avons pas ou très rarement quelque chose qui repart dans les frigos! »
Pour faire le moins de déchets possible, le Relais du Triporteur ne peut évidemment pas se permettre de proposer une carte longue comme celle d’un restaurant chinois. Tous les midis, une formule comprenant une entrée, un jus pressé et un plat est proposée. Ce jour-là, le tableau noir indiquait une soupe froide de melon et tomate pour commencer, suivie de riz basmati, lentilles corail, poivron et salade, soit un lunch copieux, coloré et vraiment savoureux qui vous coûtera 14 euros.
« Certains habitués ne demandent même plus le menu du jour avant de commander! »
Si cela ne vous plait pas, optez pour l’assiette Relais (14 euros elle aussi, déclinable en version carne ou végétarienne). Vous goûterez un tas de préparations plus délicieuses les unes que les autres, sans savoir à l’avance ce qui vous attend! L’option idéale pour les indécis à qui tout fait envie, ou les intolérants à certains aliments. « On a de plus en plus de demandes vers le vegan, le sans lactose, sans gluten. Grâce à cette assiette « surprise », le chef peut facilement proposer des alternatives en fonction des demandes du client. »
« C’est parfois difficile de ne pas avoir un menu, certains peuvent se plaindre de ne pas avoir beaucoup de choix. Mais quand les gens adhèrent à l’idée, ça finit par les amuser et les rendre curieux », remarque Alice. « Certains habitués du coin qui viennent régulièrement pour le lunch ne demandent même plus le menu du jour avant de commander! »
Au Relais du Triporteur, la cuisine et l’atmosphère est conviviale. « On a déjà vu des clients aller en cuisine et dire « hé, cette fois ci t’oublies pas de mettre un peu de sel! », car ils ont repéré le chef du jour. Les gens se connaissent très bien ici, c’est vraiment un petit village, il y a quelque chose de familial. »
Le restaurant et l’épicerie sont aussi rythmés par un nombre incalculable d’événements ponctuels. Ateliers de cuisine pour enfant, workshop pour créer ses propres produits cosmétiques ou d’entretien, cours de cuisine et table d’hôte, concerts, et brunchs bien-sûr!
Le Relais du Triporteur a bien évolué en 5 ans. Mais il porte toujours parfaitement son nom: avec le tri et le zéro déchet comme valeurs qui le guident et un concept porté par trois piliers économique, environnemental et social, le Relais du Triporteur se démarque par grande cohérence de l’épicerie jusqu’à la cuisine. Dominique, qui est désormais confiante, heureuse et fière de ce que son Relais est devenu, laisse enfin sa fille accueillir les blogueurs fouineurs dans notre genre. A votre tour! Après tout, Watermael-Boitsfort commence juste après le cimetière d’Ixelles!
Le Relais du Triporteur
Ouvert du mercredi au samedi
+ le dimanche lors des brunchs
Rue Middelbourg, 120 &124
1170 Bruxelles
www.le-relais-du-triporteur.be
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